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2 Comments

  1. Lecteur anonyme
    9 février 2020 @ 12h47

    Ce commentaire est extrait de l’appréciation faite par notre ami Albert B, un écrivain rennais d’une curiosité insatiable et d’une culture infinie.
    ” Le tango est à la fois simple et complexe, écrit Yvon Ristori dans sa somme importante, La milonga du colibri. C’est pourquoi il lui a fallu plus de cinq cents pages pour tenter de venir à bout de ce phénomène culturel. Livre d’histoire et d’aventures, cet ouvrage veut avant tout éclairer sur cet art de la danse qui a traversé quelque deux siècles pour parvenir jusqu’à nous, épuré et fascinant, comme une ascèse en même temps qu’un espoir. Celui d’une vie meilleure parce que plus pleine, épanouie même par la grâce de quelques mouvements et gestes scellés dans l’harmonie d’un couple.
    Mais pourquoi la milonga et pourquoi le colibri ? Il nous faut entrer dans ces pages, tout à la fois appliquées et fiévreuses. Pour tout dire, passionnées. L’exergue d’Aragon nous en donne le ton : “Rien n’est précaire comme vivre. Rien comme être n’est passager“.
    On ne regardera donc pas cette danse comme une futilité, périssable autant que la vie humaine, mais comme une exigence essentielle qui nous promet, sinon l’éternité, du moins la permanence. C’est dire le sérieux du propos qui n’hésite pas à plonger dans le terreau philosophique, rameutant Démocrite, penseur de l’éphémère et du transitoire : « La vie est un passage, le monde est une salle de spectacles. On entre, on regarde, on sort ». Mais cette heure spectaculaire, cette étincelle entre deux éternités, est celle que le tango entend graver dans le marbre. C’est pourquoi cet ouvrage pourra se lire comme un manuel de survie, fondé sur ses trois éléments : musique, danse et poésie. Un vadémécum du bonheur.
    Il est vrai que le tango est danse et langage des pauvres, des démunis, de ceux qui n’ont pas accès à la connaissance, mais puisent dans l’expérience un autre mode de science. Fondé sur l’instinct, voire l’animalité. Et l’auteur de nous rappeler :
    Les passagers débarquant au XIXème siècle du pont inférieur d’un steamer pour s’entasser dans les conventillos, sans nécessairement être la lie de la société, gueux ou proscrits, gibier de potence ou femmes de mauvaise vie, n’étaient tout de même que des miséreux et des aventuriers, pas vraiment une élite intellectuelle. Tels ont été les premiers artisans qui forgèrent une culture“.
    Et de plonger alors dans cette culture, dans son apprentissage, avec modestie et en reconnaissant qu’il n’y a là que l’expérience libertaire « l’accès à un loisir récréatif », d’un individu. Mais fervent, appliqué, convaincu et dévot. Sauf que ce débutant sait faire la part de la subjectivité pour se hausser à un objectif – le tango, la milonga, la profondeur d’un art – exposé avec la nécessaire objectivité. Avec cette nuance de taille qui veut que le tango échappe à tout dogmatisme et se prête volontiers au modelage, chacun y mettant du sien, en fonction de son milieu et de son appartenance, bien qu’en conservant ce cadre immuable qui fait du tango, avant tout, une marche dans la durée et le temps grâce à laquelle, comme dit Lewis Carrol judicieusement convoqué, « tu ne manqueras pas d’arriver quelque part ». C’est donc ce quelque part qui n’est pas un n’importe quoi, que tente de définir, avec science et quelque humour, l’auteur de ce livre qui précise quant à la liberté d’entreprendre de danser le tango : « le terme ‘improvisation’ n’est pas un synonyme de l’expression ‘n’importe quoi’. Encore moins ‘n’importe comment’ ».
    Avec pour finir un dernier regard sur ce Zénon d’Elée, dont parlait Paul Valéry, lançant sa flèche « qui vibre, vole et ne vole pas ». Tout est là dans cette affaire de tango/milonga : « être immobile à grand pas ». Cet ouvrage d’une lecture passionnante montre que, loin d’être une vue de l’esprit, cette ambition tanguera est une ascèse bienheureuse et accessible à tous . Et pour couronner l’imposant ensemble, soulignons l’extrême modestie de l’auteur qui ressasse la parole de Socrate :  « je sais que je ne sais pas », et ne mesure, in fine, « l’étendue de son [mon] inculture et la maladresse de ses [mes] pas » que pour mieux affirmer « l’intensité de ses [mes] aspirations » et « la plénitude de l’abrazo ».”

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  2. Jacqueline G.
    18 décembre 2019 @ 11h21

    Une leçon de bonheur grâce à la culture tanguera.
    Ce colibri est un épicurien: dans sa quête de délectation de l’instant présent, il trouve une aide précieuse avec le tango argentin. Muni d’une connaissance encyclopédique de la culture tanguera, l’auteur passionnera les adeptes de cet art; mais son style alerte et imagé s’adresse aussi à tout un chacun, et chaque page est émaillée de citations qui vont des philosophes les plus austères aux contes enfantins familiers, sait captiver et nous inciter à poursuivre la découverte de cette leçon de bonheur.

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