J’avais 20 ans lorsque j’ai posé le pied pour la première fois à Buenos Aires. Pourquoi cette ville m’a-t-elle immédiatement fasciné ? Peut-être parce qu’elle était vaste et neuve comme le Nouveau Monde. Peut-être parce qu’à des milliers de kilomètres de l’Europe, elle me ramenait insensiblement au Vieux Continent avec ses grandes avenues et l’élégance de ses habitants. Ou alors à cause de la nostalgie qui se dégageait de ses rues tracées au cordeau où l’on guettait le souffle du bandonéon, ce petit accordéon utilisé dans les orchestres de tango. Ou bien était-ce la rigueur et la passion propres au tango qui m’avaient pris au ventre et ne me lâcheraient plus… Tout cela à la fois sans doute. Il me fallut un peu plus longtemps pour comprendre que cette ville d’immigrants me parlait de moi, de mes racines, de ma culture parce qu’elle s’était façonnée à notre image, les yeux éperdus d’amour pour la vieille Europe, et pour Paris en particulier. Quant à nous, pendant très longtemps, nous avons regardé d’un air distrait ce qui se construisait de l’autre côté de l’Océan. Et puis, nous avons fini par aller voir ce qui se passait sur cette terre promise, ce «Paris de l’hémisphère austral», qui, décidément, faisait rêver la moitié du monde civilisé. Nous y avons découvert un miroir en abyme, qui entraîne ses visiteurs dans une Europe recomposée alors qu’ils pensaient s’aventurer au plus profond de l’Amérique latine.
Extrait de l’avant-propos
Histoire / 21,8 x 13,8 cm / 271 pages
Référence bibliothèque Braise Tango: HC9
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