Le tango, l’espionnage, le jeu relient les trois moments de ce roman d’amour et d’aventures, semé d’intrigues et de trahisons. Après avoir traversé un siècle flamboyant et tragique, Max et Mecha, tour à tour proie et chasseur, tireront lentement leur révérence dans la lumière crépusculaire d’une époque qui s’éteint.
Mais le grand reporter et romancier Arturo Perez Reverte est membre de la prestigieuse Real Academia Española de Letras. Les références au tango se reçoivent avec le respect qu’un disciple doit à son maître.
Réf. Bibliothèque Braise Tango : RR5
Commentaires
5 réponses à “Le Tango de la Vieille Garde – Arturo Perez Reverte”
Le jeu pervers du désir.
Qu’est-ce que le tango de la Vieille Garde ? C’est celui de l’origine, dansé dans les bouges des quartiers de Barrancas ou de la Boca, à Buenos Aires. Avant que sa version aseptisée et beaucoup moins canaille ne conquiert le monde. Dans le dernier roman d’Arturo Perez-Reverte, sans nul doute l’un de ses plus brillants, tout commence sur un paquebot en route vers l’Argentine, en 1928. Le héros en est un danseur mondain, gigolo, escroc et voleur. Et éminemment amoral, cela va de soi. Il va trouver à qui parler avec la femme d’un compositeur célèbre, aussi séduisante que venimeuse. Un jeu pervers, celui du désir et du mensonge, va s’installer entre eux dès leur première rencontre, le temps d’un tango vertigineux. 1928, 1937, 1966 : le destin du ruffian gominé et de la femme fatale sophistiquée ne se croisera que trois fois, sur de courtes périodes. A Buenos Aires, A Nice, sur fond de guerre d’Espagne, dans la baie de Naples, au cours d’une partie d’échecs, symbole de la guerre froide. Le tango de la Vieille Garde se lit comme un roman de Jules Verne, avec un appétit qui ne retombe jamais. Flamboyance et mélancolie se mêlent dans un récit d’aventures époustouflant, agencé de manière diabolique, les époques se répondant sans cesse. Au-delà de ses péripéties, le roman de Perez-Reverte se réapproprie les codes d’une passion sensuelle digne des plus grands mélodrames. Indécent, torride, romantique, sardonique, grave et léger, c’est un livre comme on n’ose plus en écrire, son côté désuet, cruel et hautement romanesque en faisant un petit chef d’oeuvre de littérature populaire, au meilleur sens du terme.
Après Le peintre des batailles, La reine du sud et Le cimetière des bateaux sans nom, voilà que l’auteur nous emmène dans une danse de haute voltige dans les recoins de l’âme humaine, avec ces femmes qui aiment les voyous et ces filous qui séduisent ces mêmes femmes.
Ce livre nous offre une histoire d’amour improbable entre un gentleman cambrioleur et une bourgeoise. Un Arsène Lupin revisité sur fond de tango et de jeu d’échec avec un anachronisme parfaitement maîtrisé. Perez Reverte ne cesse de m’inspirer à chacun de ses livre que je lis.
Le roman nouveau d’Arturo Perez Reverte. Très différent des précédents, personnages plus troublés, bonne atmosphère de l’avant et après guerre, et toujours une intrigue presque policière mêlée au récit. A lire .
Chef d’oeuvre de roman picaresque du XXe siecle au réalisme proustien. On accompagne l’intimité d’un enfant pauvre de Rio de Janeiro devenu danseur mondain sur les paquebots des années trente. Relations parfois passionnées mais toujours tangentielles avec les épouses des gens fortunés. Grands compositeurs, grand hotels, championnats d’échecs, financiers de la guerre civile espagnole, passions dévastatrices, fuite en avant, vie de cavale permanente. La vie ne vaut rien, mais rien ne vaut une vie disait Malraux. Quand elle palpite sous nos yeux par le miracle d’une belle écriture, nos neurones miroirs palpitent aussi. C’est un grand plaisir de lire A. Perez Reverte.