A Paris, au Latina, on danse le tango. Luis invite Ana à danser. Elle est française et elle aime le tango avec autant de passion qu’elle déteste la patrie de ses parents, l’Argentine. Il est argentin de passage à Paris pour une dernière tentative d’échapper à une crise économique et psychologique. Un projet de film sur le tango, dirigé par Luis avec Ana comme conseillère technique, va les réunir.
Référence bibliothèque Braise Tango: RR4
Commentaires
2 réponses à “Tango – Elsa Osorio”
Fil tendu entre deux époques, entre le présent et l’avènement du XXème siècle, le Tango rassemble et sépare, suscite passions et haines.
Ce roman d’Elsa Osorio présente une fresque historique de l’Argentine, entremêlant les destins de personnages de diverses classes sociales, pourtant tous liés d’une manière ou d’une autre à cette scandaleuse danse qui fleurit dans le quartier de la Boca, fut dansée dans tout le Rio de la Plata au point que Montevideo en réclame également la paternité, et fut consacrée à Paris.
La force de ce roman, au-delà de la trame historique qui permet d’effleurer l’histoire de l’Argentine et surtout de Buenos Aires, est la manière dont il permet, très subtilement, de dévoiler deux aspects majeurs de la culture argentine: le premier, l’éclatement social et les différentes classes qui se côtoient et s’ignorent, entre les élites n’ayant d’yeux que pour l’Europe et en particulier Paris, et l’extraordinaire diversité de l’origine des immigrés arrivant dans les années 20 à Buenos Aires : on retrouve Espagnols, Italiens mais aussi émigrés d’Europe de l’Est. La seconde est la condition de la femme en Argentine, et l’attitude des hommes argentins fous de femmes légères qu’ils adulent mais qu’ils repoussent pour se marier selon les normes sociales à des épouses convenables, elles-mêmes privées de toute liberté à moins de déshonorer leur famille. Ces rapports ambigus entre hommes et femmes, soutenus par un désir intenable incarné par le tango sont habilement esquissés.
Un tourbillon d’émotions contradictoires, de notes historiques et d’aspirations politiques, et bien sûr de passions autour du tango et de la musique, un délice !
Bonjour, je navigue sur votre site car je vais bientôt m’installer à une trentaine de kilomètres de Rennes et je cherche un endroit où continuer de pratiquer le Tango argentin. Comme bibliothécaire, je n’ai pas résisté à votre page de partage de lectures…
Tango, Elsa Osorio
Ana est une jeune femme née en Argentine mais qui a pratiquement toujours vécu en France. Pour elle et pour sa famille, l’Argentine est un sujet tabou. Alors qu’elle va danser le tango, elle rencontre Luis, un Argentin. Il écrit un film sur les débuts du tango (le grand-père de Luis, Juan Montes, est connu pour ses tangos), et propose à Ana de collaborer avec lui. En tant que chercheuse en sociologie, elle va alors se lancer dans de vastes recherches qui la conduiront à en savoir plus sur son pays d’origine et sur sa famille.
Ceci est le fil rouge du livre, mais n’en est pas le sujet principal. Elsa Osorio nous plonge dans la société du début des années 1900, entre Buenos Aires et Paris. Les débuts du tango dans les bordels, et son infiltration petit à petit dans toutes les couches de la société ; c’est aussi toute une fresque sociale, avec ses personnages qui s’aiment malgré leurs origines sociales différentes, et cherchent à affronter leurs familles pour imposer leur amour, leur choix de vie.
L’écriture est très particulière : le récit est ponctuellement commenté par des personnes ayant vécu cette époque et vivant à “Tango”, paradis pour ceux ayant vécu cette danse. Car le tango ne se danse pas, il se vit, il transcende le danseur pour s’exprimer à travers lui. Le tango parle aussi, et se fait narrateur :
“Ces débats t’assommaient, tout cela était si loin de la Tero, de la Joaquina et de la Nata, mais chacun pouvait me vivre comme il le voulait, je n’étais peut-être pas la même danse que dans ces maisons canailles où je suis né, mais il y a toujours un homme face à une femme et moi qui les mêle dans le désir”
L’auteur change très souvent de narrateur, nous permettant ainsi de mieux connaître l’intimité des pensées de chaque personnage.
Le style est peut-être un peu déroutant au début, l’histoire met un peu de temps à s’installer, mais passé les cinquante premières pages, on a vraiment l’impression d’être immergé, de vivre au rythme du tango.
C’est un livre que je conseille à tous les amoureux de la danse et à tous ceux qui souhaitent découvrir l’Argentine.